Porter la croix du frère disparu

Fritz Boegli, si le Jura m'était conté

Porter la croix du frère disparu

Né à Delémont en 1912, Fritz Boegli était le neuvième bambin d’une famille de 11 enfants. Ah, les familles jurassiennes à l'ancienne...
Son père, Arthur Boegli, pour nourir tout ce petit monde, avait une entreprise de gypserie-peinture, où le jeune Fritz effectua son apprentissage.

En 1928, l’un de ses frères ainés, Walter, deuxième enfant de la famille, étudiant lui à l’école des Beaux-Arts de Buxtehude, en Allemagne, décéda dans un tragique accident de la route. Son ambition le destinait à une carrière d’artiste-peintre, pour laquelle il montrait déjà un prodigieux talent.

La mort prématurée de ce frère aîné, tant admiré, fut une grande peine pour Fritz. Elle fut aussi une prise de conscience. Pour honorer la mémoire du disparu, il décida de devenir lui aussi artiste-peintre, non pas en suivant une école des beaux-arts, mais en travaillant la peinture artistique en parallèle de son métier de peintre en bâtiment.

Aussi doué que Walter, mais dépourvu d’une formation académique, il se forma « sur le tas », à travers son métier d’artisan-peintre, de peintre en lettre, en fréquentant d’autres artistes, notamment Armand Schwarz, mais surtout en travaillant ses tableaux, d'après nature.

Ne trahissant jamais ses premiers amours, sa peinture était orientée principalement vers les paysages, écumant le Jura et la Suisse, mais aussi vers des natures mortes et des portraits, peints en les observant: ceux de sa mère, de son épouse, de ses enfants, de personnes de son entourage.

En 1939, il épousa Suzanne Vorpe, une fille de Moutier et c’est là qu’il s’établit avec sa famille et développa une entreprise générale de peinture, gypserie, maçonnerie, mais aussi de construction de cheminées. Les chiens ne font pas des chats.
Il associa trois de ses fils à l’entreprise jusque dans les années 90, époque où ils reprirent le flambeau, à des titres divers.

Tout en vivant sa vie de famille et en étant un pilier de sa communauté, il continua la peinture en autodidacte et installa son atelier dans sa propriété de la Montagne de Moutier, dès 1973. Il y donnera même des cours de peinture aux gens de la région.

Au cours de sa vie, il aura exposé ses œuvres dans la région mais aussi à Bâle, Olten, Ostermundigen et Spreitenbach. Il s'est souvent impliqué dans des expositions collectives, notamment avec la Société des peintres et sculpteurs jurassiens dont il était un membre de la première heure, et ce même avant, avec la disparue Société des peintres prévôtois.

Fritz Boegli aura peint avec grande maîtrise les paysages jurassiens qui étaient sa terre et la vie de ce peuple rude qui l'habite. Il usera de la même maîtrise pour peindre différents sujets lors de ses voyages, notamment au Kenya et en Sardaigne.

En un sens, il incarnait aussi la région, son petit pays à l'intérieur de l'Helvétie. Fils d'une famille nombreuse, humble mais heureuse, à laquelle il était dédié, artiste mais avant tout artisan, entrepreneur au sein de sa communauté et père de famille qui élevera ses fils et qui continueront son œuvre, non plus comme artistes, mais comme piliers de leur communauté.

Fritz Boegli s'éteint à Moutier, en l'an de grâce 2000.

Son fils, Eric, devant un des tableaux de son père
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