C9M contre Eurovision
Deux salles, deux ambiances
Deux événements ont marqué le week-end dernier, celui du C9M et celui de l'eurovision. Le C9M donc, est un groupe de militants nationalistes français qui manifeste le samedi proche du 9 mai en hommage à un militant ayant perdu la vie en tentant d'échapper à la police. Bien plus qu'un hommage, c'est un des derniers rassemblements nationalistes français. C'est un peu l'équivalent de la Junge Tat si l'on veut.
Dans l'échelle de la manifestation c'était plutôt ambiance octogone en non-mixité que 8•6-Merguez. Tout cela dans la plus stricte discipline.
La manifestation était initialement interdite par le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, mais le Tribunal Administratif de Paris en a décidé autrement. Comme quoi, la justice peut parfois faire son travail.
(...) Les néofascistes et néonazis français peuvent remercier l’Etat de droit. Selon la chaîne Telegram du «Comité du 9 mai» (C9M), organisateur de cette marche organisée par la mouvance d’extrême droite violente tous les ans en hommage à l’un des leurs, mort accidentellement en 1994 après une course-poursuite avec la police, leur manifestation déclarée pour ce samedi 11 mai dans l’après-midi en plein cœur de Paris, interdite dans un premier temps par la préfecture de police, est finalement autorisée. Le tribunal administratif a suspendu l’interdiction estimant, selon la décision consultée par l’AFP, qu’elle portait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester ».
Les militants étaient plutôt facétieux ce jour, et la candidate macroniste aux européennes en a fait les frais.
A tel point que Manu et son compagnon Jean-Michel lui ont demandé de faire un mot d'excuse.
Les journalistes peinent encore à se remettre de cet événement.
Ils avaient des tatouages, des t-shirt et des drapeaux. Imaginez le traumatisme...
L'éditorialiste Schneidermann n'a pas aimé non plus.
(...) Sous les insultes, les néo-nazis ne perdent pas leur sang froid. Ils occupent la rue, mais parfaitement encadrés par un service d'ordre. A la jeune femme qui les traite de "sales fachos", ils ne répondent qu'en tentant de se camoufler derrière leurs parapluies. Par ailleurs, leur ordonnancement militaire est parfaitement visible sur cette photo de Denis Allard, photographe à Libération. Cette discipline, cet ordonnancement : ce ne sont plus seulement des manifestants. C'est déjà davantage qu'une milice, presque un corps para-militaire (...)
Le truc, c'est que c'est exactement ce qui rend l'événement marquant et inspirant pour la jeunesse.
(...) Les croix celtiques, les tatouages signifiants, les drapeaux noirs : tout ce folklore est, au fond, moins inquiétant que les rangées géométriques militaires de ce rassemblement proche, par certains de ses membres, de Marine Le Pen, où se montre, au vu de tous, l'embryon d'une organisation, d'une patiente inscription dans la durée, d'une apparente soumission à la légalité, d'une sorte de dédiabolisation sardonique. (...)
Ça tombe bien, c'était précisément l'effet recherché.
En somme, le week-end dernier aura été riche en enseignements. Il y avait d'un côté le concours anal-cosmopolite et de l'autre une démonstration de force tranquille à Paris.
En 2024, il n'existe plus que deux voies, celle du C9M ou celle de Nemo. Et c'est à chacun de choisir la sienne. Il n'y a pas de place pour la demi-mesure. Ou l'on se prend en charge pour atteindre ce niveau de détermination :
Ou l'on injecte sa sixième dose de soja concentré pour se plier aux injonctions des tantes de l'eurovision.