Cesser de procréer pour sauver la planète. Vraiment?
Vite un PassNaissance!
Le 18 août dernier, la RTS diffusait une édition de leur podcast Forum dont le grand débat de fin d’émission aborde la grande question à la mode chez la jeunesse pastèque: le refus volontaire de procréation. Les vingt minutes de discussion entre les différents protagonistes débutent avec la décision de Mathilde, 26 ans, psychologue et activiste du climat, «inquiète du dérèglement climatique et de la surexploitation des ressources naturelles»:
Pour moi, on est déjà beaucoup et on sait pas comment faire avec nous tous là maintenant, alors si la planète, avec les gens, savait s’aimer, savait se respecter et savait aimer la vie, euh, l’environnement qu’on appelle nature, euh, autour de nous, moi, y a pas de souci, je ferais des enfants, mais là, là maintenant, euh, ça me parait une absurdité! Mais c’est mon point de vue vraiment.
C’est à partir de ce constat richement argumenté, pleinement objectif et rationnel, loin de toute émotivité, et digne de cinq années d’études universitaires censément sérieuses, que débattent Denis Garnier, président de l’association Démographie Responsable, Emmanuel Pont, ingénieur, auteur de Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète? et la franco-belgo-suisse Corinne Mayer, économiste, psychanalyste, essayiste, auteur de No Kid: 40 raisons de ne pas avoir d’enfants. Nous constatons ainsi que comme à son habitude, la RTS a su réunir des représentants de toutes les opinions qu’il est possible d’entretenir sur un sujet aussi polémique. N’oublions que la DiVeRsItÉ est le maître-mot!
Avant d’aller plus loin, nous devons reconnaître qu’il y a eu quelques fort brefs passages où les intervenants ont exposé des données sérieuses qui tombent sous le sens de quiconque s’intéresse à la question démographique. Mais outre ces rares moments de lucidité qui légitime le fait que nos impôts servent à financer cette chaîne nationale, nous n’avons rien appris qui ne sorte de l’endoctrinement culpabilisant usuel des mass media envers l’homme blanc (et sa femme, pour une fois).
Ainsi, selon Corinne Mayer, un enfant en Occident coûterait à ses parents la bagatelle de 300’000€ entre sa naissance à ses 25 ans. Ce qui engendrerait de la consommation, et donc de la pollution. Il est vrai que l’éducation de Paul-Henri et Clémentine au cœur d’une résidence de copropriétaires d’un ghetto blanc coûte pour leurs parents le même prix que celle de Kévin et Vanessa dans une HLM pourrie où leurs parents résident encore, derniers blancs martyrs de la cité, faute de moyens de fuir. Kévin aura évidemment droit au même MacBook Pro dernier cri que Paul-Henri, et Vanessa pourra s’acheter les mêmes Louboutin que Clémentine. L’empreinte carbone de Kévin et Vanessa, qui ne connaissent que leur cité pourrie, est parfaitement similaire à celle de Paul-Henri et Clémentine qui prennent l’avion tous les trois mois pour leurs vacances au Canada au printemps, en Grèce en été, en Suède en automne et aux Maldives à Noël. Ah, et dans les Alpes en février pour quand même skier un peu. Après deux ans de restrictions, il faut bien respirer un peu! Surtout maintenant qu’on est libre avec nos trois… non, quatre doses de vaccins!
Heureusement, le modérateur est futé. Il comprend que la vraie question ne porte pas sur le nombre d’enfants, mais bien sur le mode de vie.
Denis Garnier s’épanche alors sur le mode de vie parfait des années 1960, où nous n’étions que 3 milliards sur cette Terre, avant que chaque décennie n’apporte un nouveau milliard au précédent pour arriver aujourd’hui à nos 8 milliards et quelque. Et quand il souligne le vrai problème, c’est-à-dire la surconsommation du Nord et la surpopulation du Sud, Emmanuel Pont rétorque qu’il est odieux de regretter des années où les pauvres étaient encore pauvres et mouraient davantage (avec la transition démographique, les gens meurent moins, et « ça, c’est bien»; pour la neutralité scientifique, faudra revoir le chapitre sur les jugements de valeur). Pourtant, M. Pont concède que c’est bien en Afrique que tout se jouera, en dépit de l’idéalisation qu’il se fait du continent. Il prétend en effet que l’Afrique pollue peu en raison de son ratio carbone 1:10 par rapport à l’Europe. Mais faut-il rappeler que le carbone ne «pollue» pas? Les gaz à effet de serre jouent un rôle dans le climat, et non dans la pollution environnementale. La confusion entre pollution et dérèglement climatique semble servir des intérêts qui nous dépassent, tant les écolos eux-mêmes ne savent plus de quoi ils parlent. Voici une image de l’Afrique non-polluée pour illustrer mes dires:
Alors que Corinne Meyer veut d’une allocation inversée qui pénaliserait les couples à chaque nouvelle naissance en Europe, Denis Garnier veut s’attaquer à l’Afrique en éduquant ses jeunes. L’éducation et la contraception ralentiront la croissance démographique et la pollution, car un nombre réduit de gens consomme moins. Mais la peur du passé colonialiste bloque l’Occident dans son interventionnisme, par peur de l’accusation de racisme – à laquelle M. Garnier a échappé de peu durant cette émission!
Et ne parlons pas de sexisme. Mme Meyer considère que la charge mentale des femmes a augmenté ces vingt dernières années, en raison du poids des tâches ménagères et professionnelles qui leur incombent. Elle accuse le féminisme des années 1990-2000 d’avoir idéalisé la mère et d’avoir fait croire aux femmes qu’elles pouvaient tout concilier, contrairement au féminisme des années 1970 qui critiquait acerbement la maternité. Elle soutient alors de fait les femmes qui refusent d’avoir des enfants, mais regrette que celles-ci doivent passer par un «prétexte altruiste» pour s’en justifier: sauver la planète. Sauf que cela n’a rien d’altruiste. Lorsque le journaliste demande si Mathilde a discuté de son refus de procréer avec son compagnon, voici sa réponse:
Ben, hum, oui [rire gêné]. C’est aussi pour ça que les chemins se séparent parfois, parce que effectivement j’étais pendant un moment avec une personne, pendant trois-quatre ans, et pis euh, ben, écologiquement, je suis très engagée, et je me… je… ouais, je parlais justement de l’adoption pour moi qui fait beaucoup plus de sens que créer quelque chose de moi pour qu’il me ressemble à moi. C’est pas un jugement vraiment, ça me parait juste égoïste au sens où, en fait, moi, je ne pense pas avoir des gènes qui méritent [gloussement] tant d’être passés à la future génération, mais par contre je sais que j’ai plein de choses à transmettre et que je peux les transmettre, euh, à des personnes qui sont déjà là, déjà présentes et qui ont encore plus besoin de guidance.
Outre son expression orale désastreuse, révélatrice d’un bordel cognitif – comme bon nombre de psy, surtout s’ils sont de gauche, d’ailleurs – on comprend vite que Mathilde a unilatéralement éjecté son mec (ou sa copine? Désigner son ex comme une «personne» sonne un peu «gender fluid») qui voulait faire des enfants. Notons qu’elle ne répond d’ailleurs pas à la question du journaliste, car elle n’ose pas dire qu’il n’y a pas eu de discussion, mais bien une imposition de son choix au détriment de son partenaire (présumons quand même qu’il s’agit d’un homme, et que cette rupture l’aura sauvé). Elle parle ensuite de vouloir transmettre via l’adoption – sans mentionner le coût climatique, humain et social absolument immense qu’implique une adoption. Elle pense qu’il est égoïste de faire un enfant, mais ne voit pas à quel point l’adoption d’un enfant venu du bout du monde, arraché à sa famille, pour satisfaire les envies d’une Blanche bourgeoise, est ontologiquement égoïste. Et que pourrait-elle transmettre de bon, si elle n’est pas capable de former une phrase sans hésitation, ni emprunt à l’anglais («guidance» n’est pas français), ni syntaxe correcte? On a connu mieux de la part de thérapeutes spécialisés dans la psyché.
En somme, cette émission aura permis de confirmer que la population occidentale est malade, suicidaire, fascinée par la culture de mort, qu’elle nie en proclamant son amour des arbres et des brins d’herbe au lieu d’aimer sa propre chair et son propre sang. Pas étonnant que le christianisme soit moribond dans un tel monde désincarné.
Tibulle