Infrarouge: la Suisse est-elle vraiment neutre?
Enfin un peu de contradictions
Les romands l’attendaient, ils l’ont eu. Voici un résumé du débat d’Infrarouge sur la neutralité organisé par l’exceptionnel Favre, toujours prêt à faire chauffer les semelles de ses Louboutins sur un dancefloor.
Premier à entrer en scène, Yves Nidegger de l’UDC. Comme un vrai bonhomme, il commence par choquer une partie du plateau lorsqu’il affirme haut et fort que c’est par lâcheté que la Suisse a suivi les sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie. Il ajoute qu’elles sont la forme moderne du siège militaire, une arme de guerre d’impotents utilisée par les Occidentaux qui consiste à empêcher la victime de commercer dans l’espoir qu’elle implose et se soumette. Pour lui, la Suisse devrait réinventer sa neutralité en prenant en compte la multipolarité du monde qui advient sous ses yeux, sans pour autant faire partie d’un bloc.
Le deuxième à prendre la parole est de sang noble. Alexandre de Senarclens descend tout droit d’une famille féodale. Aucune surprise donc à sa présence au sein du PLR. Tout de suite, il balance les mots qui font peur «Crimes de guerre! Génocide!» En bon avocat, il rétorque que, d’après le droit international, les sanctions économiques ne peuvent pas s’apparenter à une forme de guerre. Malgré ses pirouettes juridiques, Alexandre est très affecté par les propos d’Yves qu’il juge cyniques. Pour ce Seigneur vaudois, notre démocratie est attaquée par un dictateur qui veut déstabiliser l’Occident. C’est tellement typique du PLR qu’on ne sait pas si on doit se taper la tête contre les murs ou lui hurler dessus à s’en faire péter les cordes vocales.
La troisième à parler est la pré-boomeuse Suzette Sandoz, ancienne du parti PLR dont elle a claqué la porte. En brisant la malédiction de cette funeste appartenance, toutes ses pensées sont redevenues claires comme de l’eau de roche, lavées du péché libéral. Elle n’a eu de cesse de répéter que l’Europe court à sa perte avec ces sanctions, parlant même de mesures suicidaires. Qu’en plus de laisser les Chinois s’alimenter en énergie russe à prix cassé, elles accentueraient encore davantage la vassalisation de l’Europe aux États-Unis. Pour cette vielle dame lucide, la politique de neutralité comporte également une dimension intérieure et a de la valeur pour la cohésion nationale car elle permet d’unir le peuple et ses trois cultures.
Puis c’est au tour de Cédric Wermuth, coprésident du PS. Encore crevé de la beuverie de la veille, il commence par donner son appréciation du débat qu’il juge abstrait. C’est tout de même gonflé de parler d’abstraction de la part d’un socialiste. Selon lui, nous serions les trésoriers des systèmes autocratiques par notre modèle économique que nous validons sous couvert de neutralité et qu’il voudrait plus «humaniste». Tel un vieux tourne-disque pété, il boucle sur deux concepts qu’il a érigés en dogmes sanctificateurs: la liberté et la démocratie. Transcendé par ces deux notions qu’il emploie à tire-larigot, il prêche la divine parole démocratique avec la foi d’un témoin de Jehovah fanatisé par l’imminence de l’Armageddon. Je crois que son passé de punk à chien n’a pas aidé, le pauvre semble avoir le cerveau complètement ravagé.
La dernière à avoir pris la parole est une professeure en histoire suisse. Comme tout bon débat qui se respecte organisé par le Moon-walker lémanique, une personne superflue devait faire office de figuration sur le plateau, et cette personne était Irène Herrmann. Du même avis que le bourge au sang bleu, participer aux sanctions ne s’apparente pas tout à fait à une déclaration de guerre. En ce qui concerne l’histoire de la neutralité suisse, je vous renvoie à l’article de l’ami Pythéas.
Sans plus attendre, voici le classement des intervenants:
Sans surprise, la première position revient à Yves Nidegger. Non pas uniquement grâce à l’étiquette de son parti, mais parce qu’il a su accaparer une bonne partie du temps de parole pour ramener du politique au sens strict dans le débat, notamment en fin d’émission. Lorsque les gens sont confrontés à des événements horribles, personne n’est moralement neutre. Or, ce n’est pas le sujet. Quand un pays se veut neutre, sa politique doit être régie par une rationalité qui est autre que celle suscitée par les passions. Il marque un point supplémentaire quand il rappelle à juste titre qu’à l’heure actuelle, les États-Unis font partie du problème et la Suisse commet une grave erreur en choisissant de les suivre aveuglément, alors même qu’ils se retrouvent isolés sur la scène internationale.
En deuxième, la retraitée du PLR Suzette Sandoz. En plus de marteler ses craintes justifiées sur les conséquences des sanctions pour les Européens, elle a soulevé une question qui n’a pas été traitée durant l’émission, à savoir comment conserver au mieux sa neutralité dans une économie globalisée? Ses propos ont prêté à sourire lorsque, dans une tirade machiste, elle a défini cette vision manichéenne des méchants et des salauds contre les gentils comme une manière scolaire de raisonner, digne de vieilles bonnes femmes. Il n’y a pas à dire, Suzette en a dans le froc. Face à cette femme forte et indépendante, Alzheimer n’a qu’à bien se tenir.
Troisième, la prof Irène Herrmann. Bien qu’elle ait été parfaitement inutile au débat, ses interventions sur l’histoire suisse étaient tout de même parfois intéressantes.
Quatrième, l’artistocrate du PLR Alexandre de Senarclens. Pour lui, prôner une véritable neutralité s’apparente à du relativisme. En gros, la neutralité n’existe pas et nous devons choisir notre camp. En cela, il suit la ligne du parti. Nous devrions donc nous positionner clairement et de manière cohérente pour gagner la confiance des démocraties car nous avons une communauté de destin et de valeur avec les anglo-saxons et nous nous devons d’être solidaires de ces alliés qui ont à maintes reprises prouvés leur confiance et leur amitié à notre égard. Finalement, à part pour nous suggérer d’en faire encore plus pour servir de paillasson, ses interventions ont été particulièrement dénuées d’intérêt, si ce n’est de nous démontrer une fois de plus que le PLR était vendu tout entier à la cause globaliste.
Et pour finir, l’endormi du plateau Cédric Wermuth. Après ses affabulations sur le cofinancement de «la guerre du régime poutinien» dans le cas où nous aurions maintenu intact notre neutralité, il a réussi l’exploit, en fin d’émission, de nous exhorter à abandonner le gaz russe tout en préservant le pouvoir d’achat. Sinon, les Suisses risqueraient malheureusement de ne plus être favorables aux sanctions économiques. Comme solution à l’augmentation des coûts de l’énergie, il préconise de lutter contre la hausse des primes d’assurance. Il aurait sans doute dû arrêter de fumer de la ganja plus tôt, si tant est qu’il ait arrêté, vu son état léthargique.