La volonté croissante de tiers-mondisation de la Suisse
Bientôt en république bananière
Lors de la publication début mai du classement 2022 de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières, la Suisse est passée de la 10ème à la 14ème place, derrière les Seychelles et la Jamaïque.
Engagés sur une si bonne lancée, nos élus semblent décidés à tomber encore plus bas l’année prochaine.
Par 99 voix à 81 et 7 abstentions, le Conseil national a voté ce mardi une modification du Code de procédure civile, qui permet à son article 266 d’empêcher une publication lorsque la protection d’une personnalité est en jeu. La Chambre du peuple confirme ainsi une décision du Conseil des États prise l’année dernière, qui avait fait fortement réagir les milieux des médias.
Actuellement, le Code de procédure civile prévoit qu’une personne qui se sait visée par une publication peut saisir un juge pour l’empêcher si «l’atteinte est imminente et propre à causer un préjudice particulièrement grave». Le juge prononce alors des «mesures provisionnelles». Le Conseil des États, par 30 voix à 12, avait biffé le mot «particulièrement». Ce qui a pour conséquence d’atténuer le facteur de gravité pour interdire une publication et de réduire d’autant la marge de manœuvre des médias.
En démocratie, la tactique employée par la bourgeoisie pour balayer les critiques à son égard consiste à noyer sous des procès interminables et souvent impayables des journalistes ou lanceurs d’alerte qui ont osé les défier par la divulgation d’informations compromettantes.
Certes, on ne vous fait pas disparaître dans un goulag, mais le résultat est le même. On vous empêche de vous exprimer tout en détruisant votre vie. Les moyens de coercition sont moins létaux qu’en URSS tout en étant plus efficaces, puisque la pression sociale qu’exercent les zombies formatés par la propagande incessante est maintenue 24/7.
Pour Christian Dandrès (PS/GE): «C’est un coup de couteau dans la liberté de la presse, qui a été fait sans consultation préalable». Et de dénoncer: «Une stratégie qui consiste à utiliser les procédures judiciaires pour faire taire certains médias». Son collègue Raphaël Mahaim (V/VD) a dénoncé une tendance générale dans certains milieux nantis d’avocats à utiliser les gros moyens pour multiplier les «procédures-bâillons».
Je suis forcé de constater que la gauche est dans le vrai sur cette question. À La Hallebarde, nous savons faire preuve d’honnêteté, à l’inverse de nos adversaires marxistes.
Mais à droite, la volonté était bien perceptible de vouloir donner un signal aux médias, voire une leçon. Vincent Maitre (C/GE) a rappelé: «Dans notre droit, un principe général interdit de porter atteinte à la personnalité, sauf pour les médias. Atténuer légèrement le critère, c’est répondre à une évolution de notre société, à la course au scoop. Avec les médias online, le risque d’atteinte est encore plus élevé à cause de la rapidité de publication des articles. Les médias n’en seront pas plus muselés. La rigueur et la déontologie journalistique continue de s’appliquer et l’intérêt public doit être savamment pesé avant publication».
Laissez-moi reformuler: «Dans notre droit, un principe général interdit de porter atteinte à la bourgeoisie, sauf pour les médias. Accentuer légèrement la pression, c’est répondre à une décadence de notre société, à la course à la vérité. Avec les médias online, le risque d’atteinte est encore plus élevé à cause de la rapidité de publication des articles. Les médias n’en seront pas plus muselés. Le chômage et la menace judiciaire continuent de s’appliquer et les conséquences doivent être savamment pesées avant publication.»
Pirmin Schwander (UDC/SZ) proposait d’aller plus loin encore: «Il y a d’un côté la protection de la personnalité et de l’autre la liberté de la presse. Notre minorité veut faire pencher la balance davantage vers la protection de la personnalité. S’il n’existe pas d’intérêt public prépondérant, il n‘y a pas de publication.» Cela permettra «de renforcer la responsabilité des médias»
«Il y a d’un côté la protection de la bourgeoisie et de l’autre la liberté de la presse. Notre minorité veut faire pencher la balance davantage vers la protection de la bourgeoisie. S’il existe des conséquences prépondérantes, il n‘y a pas de publication.» Cela permettra «de renforcer la responsabilité des médias».
La cheffe du Département de justice et police, Karin Keller-Sutter a précisé qu’aux yeux du Conseil fédéral: «Il n’y avait aucune raison de changer cet article». D’après le Conseil fédéral, la différence entre «particulièrement grave» et «grave» n’est pas pertinente par rapport à la pratique des juges: «Le Conseil fédéral n’a pas connaissance d’un besoin en la matière et le moment n’est pas opportun pour des mesures à l’encontre des médias».
Au vote, le plénum a refusé la proposition de l’UDC et celle de Christian Dandrès de renvoyer l’objet. Au vote, malgré quelques voix au Centre et au PLR, la droite a largement soutenu la modification contre la gauche. Les Verts libéraux étant partagés.
La majorité de l’UDC a voulu renvoyer la proposition de l’objet, et la droite a largement soutenu la modification. Il faut donc lire entre les lignes que le PLR satanique et le Centre mou se sont coalisés pour faire triompher la bourgeoisie, une fois encore.
D’ailleurs, Christian Lüscher du PLR n’a pas attendu l’entrée en vigueur de la loi pour saisir l’occasion de faire le buzz en attaquant la RTS.
Quelle classe… Pour le coup, je soutiens notre Pravda contre le serviteur du parti des forces de l’ombre.