Nouvel entretien avec Korab Rashiti

Premier « entretien tranchant »

Nouvel entretien avec Korab Rashiti

N’étant pas des sectaires cultivant l’entre-soi, nous publions sur La Hallebarde du contenu dont la ligne politique diffère passablement de la nôtre. En contrepartie, l’auteur accepte un « entretien tranchant », des questions sans filtre auxquelles Korab Rashiti a gracieusement accepté de répondre et nous l’en remercions chaleureusement.

Nous rappelons également sa première interview réalisée par l'ancienne équipe que vous pouvez retrouver ici :

Entretien avec Korab Rashiti de l’UDC
En lutte contre le collectivisme

En phase d'introduction, la parole est à Korab :

Je remercie sincèrement la rédaction de La Hallebarde pour l'opportunité de partager mes perspectives, même si elles divergent des orientations habituelles du journal. C'est un exemple louable de journalisme ouvert et équilibré qui contribue à enrichir le débat public. En tant que député UDC Libertarien, je suis convaincu que présenter une pluralité d'opinions est essentiel pour que nos citoyens puissent se forger une opinion éclairée. Cet échange permettra, je l'espère, de mettre en lumière l'importance de la liberté individuelle et du rôle restreint de l'État, des valeurs au cœur du libertarianisme. J'aborde cet entretien avec l'objectif de clarifier ces points et d'encourager une réflexion constructive parmi vos lecteurs.

Les questions de La Hallebarde sont en gras.


Parlons un peu de votre parti. Vous qui représentez, mettons la droite « libertarienne » à l'UDC, représentez-vous un courant de fond dans le parti au sens large ou (comme nous en avons l'impression) votre propre chapelle ?

En effet, les idées libertariennes, bien que peu connues du grand public en Suisse, gagnent en visibilité et en influence, notamment dans certains secteurs géographiques et démographiques. Il est vrai que la présence libertarienne au sein de l'UDC varie significativement entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Dans les cantons alémaniques, le courant libertarien est plus prononcé et mieux représenté, comme en témoigne la présence de plusieurs collègues au Grand Conseil bernois qui partagent cette philosophie, dont un qui occupe même un poste clé dans l'armée.

Bien que nous ne formions pas la majorité au sein de l'UDC, il est indéniable que l'intérêt pour les idées libertariennes est en croissance, surtout parmi les jeunes. Cette tendance s'est accélérée avec l'émergence de figures politiques internationales comme Javier Milei, le président argentin, qui, par son approche et sa médiatisation, a contribué à populariser le libertarianisme. Cette dynamique suggère que, bien que mon positionnement puisse sembler représenter une « chapelle » spécifique au sein du parti, il reflète en réalité un courant de fond émergent qui pourrait redéfinir certains aspects de notre politique dans les années à venir.


Par exemple, l'ouverture totale au marché, que vous appellez de vos vœux, ne risquerait-elle pas de tuer définitivement notre paysannerie, déjà extrêmement mise à mal ? J'en prends pour exemple la situation de nos voisins français, que le Mercosur met en compétition déloyale avec les fermes géantes argentines ? Car après tout, « pas de pays sans paysans ».

Le secteur agricole suisse occupe une part substantielle de notre territoire tout en contribuant modérément à notre PIB, avec environ 129'000 personnes y travaillant activement. Il est vrai que les agriculteurs pourraient être les principaux fournisseurs de biens essentiels dans un marché totalement libre. Toutefois, l'état actuel des choses montre que l'agriculture en Suisse est fortement réglementée et subventionnée, transformant en quelque sorte les agriculteurs en quasi-fonctionnaires. Ces derniers doivent se conformer à une multitude de règles fixées à Berne pour bénéficier de subventions, ce qui représente un prélèvement sur les revenus d'autres contribuables.

Du point de vue libertarien, non seulement notre production agricole est insuffisante, mais elle est également extrêmement coûteuse. Il est essentiel de comprendre que, si la Suisse excelle dans la fabrication de montres de haute qualité, vendues dans le monde entier, nous ne pouvons en dire autant pour des produits comme les tomates, où des régions comme le sud de l'Espagne offrent une production supérieure à un coût moindre pour les consommateurs. Ainsi, un marché ouvert et libre est préférable pour tous. Le protectionnisme, qu'il soit national ou cantonal, est une approche désastreuse. Si l'on défend le protectionnisme comme bénéfique, alors pourquoi ne pas envisager un protectionnisme entre cantons ? Ce serait absurde car il limiterait la compétitivité et l'efficacité économique, tout comme le fait le protectionnisme à l'échelle nationale. Concrètement, l'ouverture du marché permet une offre plus variée pour tous, tout en évitant la formation de monopoles, ce que l'on désigne souvent par le terme de « capitalisme de connivence ». Ce dernier se caractérise par l'utilisation de l'État par certaines entreprises, association, personnes pour imposer des restrictions sous couvert de sophismes économiques, afin de limiter la concurrence, c’est une idée socialiste en finalité. Demander aux Cubains, si c’est bien les sanctions de libre échange….


Pour continuer sur le parti, que vous inspire la nomination d'un homme biologique à la tête des femmes UDC romandes ? Ne serait-ce pas encore une preuve que le transgenrisme finit toujours par remplacer les femmes par des hommes, eussent-ils une perruque et du maquillage ?

Si les femmes de l’organisation ont choisi de nommer un homme biologique à la tête des femmes UDC romandes, alors il convient de respecter cette décision. Chacun est ensuite libre de juger la pertinence de ce choix spécifique au sein de la section féminine de l'UDC Romand.

ERRATUM : L'homme biologique n'a pas été élu Présidente des femmes UDC romande, mais Secrétaire des femmes UDC romande.


Pour finir sur l'UDC, n'étant pas dans la confidence, mais ayant entendu des bruits de couloirs, pensez-vous que le parti restera uni malgré, vu de l'extérieur, les différentes visions du monde qui s'y cotoient ou voyez-vous une possibilité de scission ?

L'UDC est un parti qui couvre un large éventail d'opinions, unifié par des principes tels que la neutralité armée, la souveraineté face à l'Union Européenne, et la décentralisation. Cependant, il existe une division notable au sein du parti entre les libéraux et les étatistes, ces derniers étant souvent considérés par les libertariens comme des socialistes de droite. Ce groupe d'étatistes brouille les concepts clés du libéralisme, rendant les politiques de l'UDC moins efficaces et alignées sur les mêmes écueils que ceux des socialistes de gauche. Ils promeuvent une intervention étatique qui va à l'encontre des principes de liberté et d'indépendance que l'UDC s'efforce de défendre. Cela conduit à des politiques qui, malheureusement, aboutissent souvent à des résultats similaires à ceux que l'on observerait sous un régime socialiste traditionnel. Cette situation interne soulève des préoccupations sérieuses quant à l'avenir et à la cohérence du parti, menaçant de diluer notre message fondamental et de compromettre notre engagement envers les valeurs suisses authentiques. Les libertariens comme moi représentent plutôt l'UDC de Christophe Blocher, connaissant parfaitement les effets de chaque concept politique. À l'opposé, il y a ceux qui ne comprennent pas grand-chose et qui, à terme, produiront les mêmes résultats qu'une politique socialiste.


Depuis le 7 octobre passé, la droite et la gauche se sont empressées de choisir un camp dans un conflit qui ne nous regarde pas, nous citoyens suisses. Est-ce un ultime effort de dédiabolisation, une alliance de circonstance ou une judéophilie assumée ?

Je ne pense pas qu'il soit correct d'affirmer que la droite en Suisse prenne position dans des conflits internationaux pour des raisons de dédiabolisation ou de judéophilie. Il s'agit plutôt d'une lutte idéologique interne, où nous combattons des idées telles que le socialisme, le communisme et l'étatisme. Ces idéologies sont souvent associées à ceux qui défendent des concepts et des idées proches des Ayatollahs, qui sont eux-mêmes alliés au Hamas, soutenu par le parti socialiste suisse et les Verts. Il est important de se rappeler que notre continent a progressé, tant industriellement que philosophiquement, dans une culture judéo-chrétienne et non islamique. Combattre les idées islamiques radicales est aussi une manière de lutter contre le socialisme chez nous, car les deux idéologies prônent la soumission sous des idées collectivistes. Bien que les libertariens, comme moi, ne prennent généralement pas position de manière directe, il est historique et conceptuel que l'islam et le socialisme se trouvent souvent sur le même spectre idéologique.


En effet, vu du bas peuple, des officines comme la FSCI ou la CICAD musèlent la parole nationaliste en Suisse. Est-ce vraiment une bonne idée de s'allier à des gens qui empêchent une prise de parole légitime du peuple suisse ?

La liberté d'expression est un droit fondamental et doit être absolue, selon les principes libertariens. Cependant, en tant que Korab Rashiti - libertarien, je porte également un regard critique sur les mouvements nationalistes. Sur la base de données économiques, historiques et sociologiques, je les trouve similaires aux socialistes dans leur approche et leur impact. Les organisations comme la CICAD et la FSCI travaillent à protéger les individus contre les ciblages idéologiques et politiques biaisés, bien documentés dans l'histoire politique. Il ne s'agit pas d'une alliance, mais plutôt de l'application du bon sens, respectant le principe de non-agression, qui est fondamental en libertarianisme. Je recommande aux lecteurs de consulter les écrits de l'historien allemand Götz Aly pour mieux comprendre les efforts de la CICAD et de la FSCI contre les effets pervers de certains récits. De mon point de vue libertarien, leur action est justifiée et nécessaire pour maintenir une société qui respecte les droits individuels de chacun et le principe de non-agression. Cependant, je désapprouve toute forme de censure utilitariste qui va à l'encontre des droits fondamentaux, y compris la liberté d'expression.


Que pensez-vous du remplacement des populations indigènes d'Europe sur leurs terres, à fortiori en Suisse ? Dégageons directement l'éléphant dans la pièce. En effet, il serait assez malhonête de parler d'une théorie complotiste, quand l'ONU s'en vante et y pousse (pacte sur les migrations) et qu'un simple coup d'œil au paysage ethnique suisse actuel suffit à s'en rendre compte ?

Nous sommes seulement au début d'une crise migratoire qui ne fait que s'intensifier. L'immigration est intrinsèquement liée à nos systèmes d'État-providence. Or, le modèle de l'État-providence est incompatible avec une immigration de masse, créant un paradoxe insurmontable en Suisse et en Europe. Je pose donc cette question aux lecteurs : l'AVS fonctionne comme une pyramide de Ponzi, nécessitant constamment plus de contributions. Êtes-vous prêt à passer à un système de capitalisation individuelle pour votre retraite, ou souhaitez-vous maintenir un système collectiviste qui dépend de l'immigration pour financer les pensions, étant donné que notre démographie interne est en déclin ? Ceux qui soutiennent l'immigration, souvent sans le savoir, appuient une forme d'esclavagisme moderne, voyant les immigrants principalement comme une force de travail pour soutenir financièrement les privilégiés, avec une vision à court terme. Pour réellement freiner l'immigration, il est nécessaire de mettre fin à l'État social, de réduire drastiquement le financement de l'État et de sortir des systèmes collectivistes tels que l'AVS. Cependant, je doute que même au sein des nationalistes, beaucoup soient prêts à prendre ces mesures. Chez les libertariens, notre position est claire et nous comprenons les implications que cela aurait sur l'immigration.


Que pensez-vous personnellement de Junge Tat ? Et que pensez-vous des prises de distance de votre parti avec cette association ?

Personnellement, je pense que la « Junge Tat » n'apporte rien de nouveau en matière d'immigration. D'un point de vue libertarien, ils n'ont pas compris que l'immigration est intrinsèquement liée à l'étatisme. La « Junge Tat » ne remet pas suffisamment en question l'omnipotence de l'État-social(iste), où l'immigration sert de vecteur à l'existence de l'État et à ses structures collectivistes telles que l'AVS, le système de santé, et l'industrie de l'asile, tous financés par nos impôts. Ils ne proposent pas non plus de réduire considérablement les budgets de l'État. Cependant, je soutiens leurs actions rhétoriques contre l'idéologie woke, car je considère que celle-ci représente une menace civilisationnelle majeure.


On ne peut nier que partout en Europe, une certaine jeunesse de droite appelle à des solutions plus radicales concernant l'immigration et les étrangers présents sur leurs sols. Voyez-vous l'UDC s'y adapter dans le futur ?

Concernant la prise de distance de l'UDC, elle est principalement due au fait que les solutions de la « Junge Tat » pour résoudre le problème de l'immigration de masse sont méthodologiquement erronées. La ligne libertarienne, en revanche, offre des solutions plus efficaces et compatibles d'un point de vue juridique et législatif.


Ils appellent (nous avec eux) en effet à une remigration massive, qu’en pensez-vous ? Et validez-vous le constat qu’un territoire multiethnique favorise le communautarisme ? (cf. Liban, Ex-Yougoslavie, USA, Brésil, etc.)

Je suis convaincu que la remigration se produira naturellement si les immigrants sont tenus de subvenir à leurs propres besoins sans dépendre de l'État. Beaucoup d'immigrés qui arrivent en Suisse, ou ailleurs en Europe, sont les mêmes qui évitent de travailler dans leurs pays d'origine. Sans une remise en question de notre système d'État-providence, profondément socialiste, nous ne pouvons espérer aucun changement. Ces systèmes sont financés par vos impôts et servent à promouvoir des idées qui soutiennent l'État providence à travers les médias et la politique. Les politiques immigrationnistes, soutenues par vos fonds, auront toujours l'avantage.

Concernant le communautarisme dans les territoires multiethniques, des exemples comme l'ex-Yougoslavie démontrent les dangers d'un État socialiste et multiethnique, qui dérive souvent vers un national-socialisme avec des conséquences désastreuses. Nous ne devons pas répondre à un problème en en créant un autre, c'est-à-dire en augmentant l'étatisme pour résoudre les défis posés par l'immigration. Au contraire, il faut diminuer les budgets de l'État et se limiter aux fonctions régaliennes telles que l'armée, la police, et la justice. Tout le reste doit devenir privé pour encourager l'autonomie individuelle et réduire la dépendance à l'État. Ainsi, on diminuera drastiquement l'immigration improductive, et ceux qui immigrent devront s'adapter rapidement, apprendre la langue, et adopter les us et coutumes pour trouver un emploi et subvenir à leurs besoins. En cas d'échec, ils seront incités à retourner dans leur pays d'origine. Ce processus naturel et auto-régulé n'est ni raciste ni xénophobe, mais un simple appel au bon sens et à la responsabilité individuelle.


Pour finir sur deux questions qui fâchent (un peu plus que les quatre dernières), vous qui êtes d'origine albanaise, que pensez-vous de la forte représentation des Albanais et Kosovars dans la criminalité ?

La question ne me fâche pas du tout. Effectivement, les statistiques montrent une surreprésentation des individus d'origine albanaise ou kosovare dans certains types de criminalité en Suisse, notamment dans le commerce de drogue. Si je suis élu au niveau national, je proposerai le renvoi des criminels de ces origines pour purger leur peine dans des prisons de leur pays d'origine. Je suis convaincu que l'État suisse possède les moyens de mettre en œuvre cette politique sans engendrer de frais supplémentaires pour le contribuable, et même de réduire considérablement les coûts de détention.

Cette mesure pourrait être réalisée grâce à des accords internationaux existants ou à négocier. Nous envisagerons de négocier fermement avec les pays concernés pour mettre en place cette politique rapidement, en assurant que cela ne nécessite pas un centime du financement du contribuable suisse, tout en respectant scrupuleusement la légalité internationale et les droits de l'homme.


Et que pensez de membres de cette même diaspora, comme la députée Sanija Ameti, qui a carrément fait campagne dans son pays d'origine ? N'est-ce pas là une certaine ingérence dans les élections d'un pays souverain et un dévoiement de l'idée même de l'intégration ?

À mon avis, Sanija Ameti représente un cas problématique dans le paysage politique suisse. Son mouvement, Opération Libero, financé par des sources étrangères telles que Open Society, me préoccupe profondément. Bien qu’elle n’ait que des liens familiaux lointains avec le Kosovo, son engagement politique là-bas symbolise une ingérence qui va bien au-delà du simple acte de faire campagne. L’impact de l’Open Society, via des personnalités comme Sanija Ameti, constitue une forme d’ingérence particulièrement alarmante pour notre pays, notamment en raison de son agenda promouvant l’intégration de la Suisse dans l’Union européenne.

En tant que libertarien, je m’oppose fermement à ces idées et à cette influence étrangère, qui sont en contradiction avec mes valeurs politiques et ma vision de la Suisse, indépendante de l'Union européenne. Il est regrettable que les médias d’État offrent une large couverture à une personnalité qui, à mon sens, manque de substance intellectuelle et contribue à la diffusion de concepts erronés, créant ainsi une dysphorie politique parmi la population. Ces méthodes, à mon avis, minent la clarté et la rigueur nécessaires dans le débat politique suisse et représente un danger considérable face à cette ingérence de l'Open Society.

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