Safari en Suisse, Épisode premier

Il est l'heure de mettre nos casques coloniaux et de vous raconter la nouvelle "Suisse"

Safari en Suisse, Épisode premier

Je me suis dit que des histoires qui nous arrivent, vues au travers de nos regards caustiques, pourraient vous intéresser, amis lecteurs. Et que pour certaines, c'est l'occasion d'une tranche de rire. Voire, d'une morale à la fin, si vous êtes sages.

Ça pourrait même devenir une série d'articles participatifs (sic.), pour témoigner de la descente aux Enfers de nos cantons, de la Romandie et de la Suisse, au milieu de l'Europe qui se suicide.

Si vous vous sentez l'âme littéraire, n'hésitez pas à nous envoyer vos anecdotes, que nous publierons avec votre nom/pseudo, ou sans, selon vos désirs.

Or donc, voici une des miennes :

(Avertissement : j'ai volontairement reproduit les expressions des parties impliquées, ne vous étonnez donc pas si mon langage à l'oral diffère de l'écrit.)

Qui bene amat, bene castigat


Il y a quelques semaines, montant sur mon Plateau adoré avec ce petit train rouge si particulier, si calme, de mon temps, j'eus une mauvaise surprise.

Une classe entière de mistons (terme amical pour dire garnements) monta dans le train. Ayant constaté qu'au moins, ceux-là étaient tous blancs, je n'y prêtait pas de prime abord attention et je continuai ma lecture du moment.

S'en suivit un test de patience et de tolérance au bruit, tellement ce fut éprouvant. Entendons-nous bien, j'ai été jeune, et con, et même eu tendance à chamailler, voire à rouler des mécaniques pour les gailles (filles) de la classe.

Ce qui testa ma patience fut d'une, le volume sonore et de deux, l'impression glaçante d'entendre principalement un sabir étranger, dans mon petit canton de rien du tout, jusque là plutôt préservé.

Ce sabir était principalement éructé par les bocks (boucs/garçons), qui rivalisaient des pires attitudes de petits non-blancs, s'agittant comme tant de primates. Les "wesh" fusaient, les ponctuations se limitaient à des "frère" et des "t'as vu".

Heureusement pour ma concentration (j'eus une brève image de camps) et moi-même, j'étais assis à côté d'un groupe de filles qui, Dieu merci, semblaient parler français avec cet accent jurassien si typique.

Bien sûr, on n'évitait pas les quelques "frère"(Mesdemoiselles, cessez, s'il-vous-plait.) et autres bogmouleries. Mais dans l'ensemble, merci à ces gailles, on se sentait encore chez moi.

Ayant abandonné ma lecture (les textes touffus se prêtant mal à des décibels dignes d'un concert de métal), je décidai de prendre sur moi et me concentrai sur mon bon vieux paysage jurassien, qui passait par la fenêtre, en souhaitant fortement m'y retrouver.

J'aperçus même un goupil, remontant d'une chasse peut-être, à quelques mètres du train, avec au fond un étang magnifique que je connais bien, encore masqué d'un peu de brume. Je fus le seul.

Comment peut-on se décérébrer soi-même à ce point, me dis-je en étant rappelé au réel de la troupe de zouaves qui foutait le bordel dans le train. Où sont les profs ? Me dis-je encore.

À mon époque pas si lointaine, même si on faisait les cons, jamais même les adultes dans le train, contrôleurs comme usagers, et surtout pas profs, même gauchistes n'auraient laisser faire sans intervenir.

Je me raccrochais à l'accent de chez moi qui provenait du groupe des filles en observant le Jura défiler. Je guettais les (trop rares) mots de Djâsant, le patois d'ici. Hormis ça, sans prêter plus d'attention au fond, qui lui était assez vide.

Points positifs de leur dialogue, les préoccupations d'écolières typiques : Qui plaît à qui ? Quel devoir pour aujourd'hui ? Quel travail écrit (test) demain ? Mais toujours ces "frère", en ponctuation. Soupir...

Mais, la Providence m'avait sauvé, voilà que ces mistons descendaient. Avant mon arrêt. Joie et félicité.

J'observai encore mon beau coènât (coin) en écoutant les danses hongroises de Brahms, pour reprendre un peu d'oxygène, avant mon arrêt, où je fis mes petites affaires et en passant, un bec à ma sœur.

Seulement voilà, la Providence ne m'avait sauvé que pour me tester plus encore, car en effet, je devais reprendre le train. Arrivé à un aiguillage plus important de la région, au départ sans y faire gaffe, montèrent dans le wagon d'autres écoliers...

Et s'assit à côté et en face de moi (en me demandant la permission, notons) un groupe de six jeunes garçons, de onze à douze ans. Ils chamaillaient encore, mais cette fois, le meneur, à ma gauche, s'invectivait à travers la vitre avec un basané quelconque (ne le sont-ils pas tous ?). Mêmes expressions, même accent de chameau perdu au nord de la Méditerranée...

Première montée dans les tours, le basané se mit à donner des coups de pied contre le train. Ceci, à deux mètres de la cabine du conducteur. Me rappelant mon enfance et les quelques engueulés que j'avais prise de la part des contrôleurs en cas de bêtises, j'attendis.

Et bien, rien ne vint. Nous partîmes donc. En train de me dire, comme un vieux con, que ce ne serait pas arrivé d'mon temps, voilà-t'y pas que le plus casse-couilles, le meneur mentionné avant, petit blond, me poussa à ma deuxième et terminale montée dans les tours.

Surexcité de son altercation en couche-culotte avec le basané d'avant, il vint à côté de moi, genoux sur la banquette, pour commencer à verser de l'eau sur la tête d'un de ses camarades, assis en contrebas. Et s'appuya sans vergogne contre mon épaule.

Et là, j'explosai.

-Maintenant, ça suffit. Tes parents, ils t'ont droit élevé dans une porcherie ?(Insérez accent jurrrassien)

Dis-je en le repoussant.

-Mais m'sieur (insérez accent de racaille), c'est que d'l'eau.

Dit-il en allant se vautrer comme une loque sur son siège, avec ses camarades qui avaient arrêté de foutre le bordel pour voir comment tournerait l'affaire. Lui souriait comme seuls savent sourire les p'tits cons. Manque de bol pour lui, j'avais été à bonne école, moi. 😈

-Et c'est quoi cet accent de con ? T'es un bougnoule mental ?

-Eh, m'sieur, me dit un autre, un noiraud, c'est quoi un bougnoule ?

-Un arabe, lui dis-je puis m'adressant au premier, tu peux pas parler avec un accent de chez nous ?

-Eh m'sieur (insupportable), chuis pas d'chez vous. Me dit-il, souriant, comme on sourit à un prof qu'on prend pour un con, croyant avoir marqué un point, cherchant l'approbation de son groupe.

-Moi non plus, dit le noiraud.

-Moi non plus, dit un troisième.

-Pis vous venez chez moi, avec ces manières d'Arabe et tu crois que je vais vous regarder foutre la merde sans rien dire ?

-Vous aimez pas les étrangers, m'sieur ? Me fait le troisième, blond aussi. Moi, j'suis pas étranger, j'viens de Russie.

Là, je riais déjà presque et mon sourire se fit carnassier.

-Réfléchis, gros, si j'allais en Russie, je serai aussi un étranger.

On peut voir les engrenages tourner dans sa tête remplie de merde, de FILA pire que NIKE, de porno et de rap à babouins.

Je reviens au meneur qui rigole, toujours vautré, et je repense à la fois où j'ai convaincu ma nièce de ne jamais se mettre à imiter ces cassos. En les singeant.

-Wesh, frère, tu sais pas t'tenir assis comme un humain, frère ? Lui dis-en me vautrant à mon tour et en mettant les mains dans les poches. T'as pas d'colonne vertébrale, wesh ?

Là, tout son groupe rit, mais de lui. Je continue :

-Pis tu viens d'où ?

-De Lyon.

Il sourit lui aussi, gêné.

Là, je le tiens.

-De Lyon ? J'y étais y'a pas longtemps. Tu sais ce que j'y ai vu ? Toutes les couleurs de l'univers mais pas la tienne, au milieu d'une ville dégueulasse que pourtant tes ancêtres ont construite. C'est ça qui s'est passé ? Tes parents, y z'avaient pas envie que tu deviennes une racaille alors ils t'ont emmené en Suisse pour t'offrir une meilleure vie ? Et tu reproduis les comportements de singes que tu y as vu, chez moi ?

Là, tous les petits rigolent de bon cœur et même lui, bien qu'il se cache les yeux de honte, rit aussi.

-Et moi, m'sieur, je viens d'Bretagne. Me dit le noiraud, hilare.

-Beau pays, ça, la Bretagne, mais c'est la même histoire que ton copain ? Tes parents ont voulu te sauver de Rennes, au hasard, et ils sont venus ici ?

Je vois à son regard et son sourire qu'il sait que je sais.

-Ah, m'sieur, vous avez fait ma journée, dit-il plusieurs fois en rigolant.

A ce moment-là, nous étions debout, car comble des combles, nous descendions au même arrêt.

Le noiraud me fait (le blond de Lyon étant définitivement calmé, mais rigolard) :

-Eh m'sieur.

-Monsieur. Lui dis-je.

-Si vous votiez en France, vous voteriez Marine Le Pen ?

Dans ma tête défilent quelques secondes un Soleil Noir qui tourne et je réponds :

-Marine est pas assez à droite pour moi. Mais j'aurais sûrement voté pour le père.

Silence. Il apprendra. Dieu veillera qu'ils apprennent tous.

Près de la porte du train, une dame me regardait et je me demandais si elle était contente que j'ai calmé les jeunes fauves ou était choquée de mes propos.

Ne me frego, me dis-je.

Bref, nous sortîmes du train, Noiraud me dit encore que j'avais refait sa journée, et on se quitta.

Je suis ensuite allé faire ce qui m'amenait dans ce village, un rendez-vous avec un client, puis en attendant, je me rendis à l'église.

J'y vis des ex-voto de ma région et j'y vis des histoires de vie, toujours vécues par des hommes et des femmes qui portaient des noms qu'on trouve toujours par chez moi. Je ressentis une certaine mélancolie à la lente disparition de mon peuple et de ses particularismes.

Je sortis.

Attendant le train retour sur un banc, devant l'église, me demandant pourquoi on avait enlevé l'horloge, une voiture passa et Noiraud, que je reconnu à ce moment et lui de même, me fit un grand signe.

Je rentrai ce soir-là avec un grand sourire.

Quelques semaines plus tard, me rendant de nouveau voir mon client, en descendant du train, je sentis le regard insistant, sourire en coin, d'un jeune bock à côté de moi, bonnet sur la tête.

-On s'connait, "monsieur".

-Ah, c'est toi, dis-je sans le montrer, mais content que je lui sois resté en tête.

Il s'approcha de moi pour me serrer la main.

-Tu vas bien ? Lui dis-je en la lui serrant.

Il acquiesça.

-Porte-toi bien, bonne journée conclus-je, en m'éloignant pour fumer ma clope.

-Bonne journée, m'sieur.

M'sieur...On ne gagne pas à tous les coups.

Après avoir vu mon client, je retournai à la gare, m'assis sur le banc et attendis. Derrière moi, cachés par le coin du bâtiment, se rassemblèrent de nouveau les petits pour retourner à l'école. J'en entendis un imiter l'accent africain, et je ris, doucement, mais de bon cœur.

Quand je repris le train, je les reconnus mieux, Noiraud le Breton, le Blond de Lyon, le Russe et les p'tites gailles qui riaient de lui, aux sièges derrière nous.

-Bonjour, me dirent-ils tous, à la suite, en passant près de moi.

La morale de cette histoire en est le titre :

"Qui aime bien, châtie bien."

Si plus d'adultes dans la vie de nos jeunes faisaient l'effort de leur démontrer la fausse route qu'ils prennent, peut-être n'en serions nous pas là ?

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