Taïwan demande l’appui de la Suisse face à la Chine
La suite logique à l'abandon de notre neutralité
Voilà pourquoi il ne fallait surtout pas lâcher un centimètre de terrain aux bellicistes sur la question de l’Ukraine sous prétexte de valeurs humanistes partagées.
Interrogé jeudi par la RSI, le ministre des Affaires étrangères taïwanais souhaite que la Suisse dialogue sans retenue avec Pékin et Taïpei. Joseph Wu appelle par ailleurs à approfondir davantage les relations informelles entre Taïwan et la Suisse, deux pays qui, dit-il, défendent des valeurs identiques.
« Aux yeux des Taïwanais, la Suisse est un modèle de neutralité, on s’attend à ce qu’elle demeure neutre vis-à-vis des grands enjeux internationaux », relève Joseph Wu.
Mais récemment, poursuit-il, « on a aussi vu la Suisse prendre position au sujet de l’invasion russe en Ukraine. Outre la neutralité, la Suisse chérit donc aussi et surtout les valeurs fondamentales de la démocratie, de la liberté, la protection des droits humains, l’Etat de droit, le respect de l’ordre international et la paix ».
Nous sommes maintenant sollicités par des Chinois insulaires pour exprimer un mécontentement envers des Chinois continentaux et potentiellement se mettre à dos un milliard d’individus à la peau jaunâtre.
A partir de ce constat, le ministre taïwanais appelle à une intensification des échanges, du dialogue et de la communication entre les deux pays. « Nous voulons faire prendre conscience à la Suisse de la situation dans cette partie-ci du monde, dans l’espoir qu’elle affiche son soutien envers Taïwan ».
Et pour Joseph Wu, c’est en affirmant les valeurs universelles des droits et des libertés fondamentales qui lui sont chères que Berne devrait manifester son soutien envers Taïpei.
La faiblesse du Conseil fédéral nous entraîne dans cette spirale infernale de quémandeur de soutien diplomatique dans toutes les régions du globe. Nous serons bientôt amenés à soutenir telle faction contre une autre dans un conflit ethnique en Afrique, le Kosovo démocratique face à la Serbie fasciste, voire la Palestine vis-à-vis d’Israël. Pour ce dernier je vous rassure, cela n’arrivera pas. Nous partageons déjà les valeurs des Hébreux.
Il s’agirait notamment, pour la Suisse, de se joindre aux appels réguliers des démocraties occidentales en faveur du maintien de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan.
Quand les plus hauts dirigeants de la communauté internationale se réunissent, rappelle-t-il, ils s’opposent à tout changement unilatéral du statut quo. « Cela veut dire qu’ils s’opposent à l’attitude agressive de la Chine envers Taïwan. C’est quelque chose auquel la Suisse devrait songer« , suggère Joseph Wu.
La victoire face à la Russie étant actée, les globalistes se préparent déjà à la suite, soit la conquête de la Chine. Les blocs doivent être clairement définis, les récalcitrants mis au pas avant le grand soir.
Reste que la Chine n’hésite pas à punir les petits pays qui n’obéissent pas à ses exigences, particulièrement au sujet de Taïwan. Plusieurs font face à des représailles économiques de Pékin en raison de leur récent rapprochement avec Taïpei. C’est le cas notamment de la Lituanie et plus récemment de la République Tchèque, qui ne se laisse pas intimider.
Le ministre des Affaires étrangères de l’île a conscience des enjeux. « Nous respectons la politique étrangère de votre pays et ses principes », précise-t-il tout en ajoutant: « Elle n’empêche cependant pas d’intensifier nos relations. C’est la volonté des Taïwanais et du gouvernement taïwanais. »
Si je comprends bien ce ministre, la Suisse devrait songer à prendre parti à cause de nos valeurs, mais il respecte néanmoins notre politique de neutralité. Après, je ne saisis pas ce qu’il veut dire par «intensifier nos relations», mais je crains que cela ne soit un peu trop démocratique.
Certains parlementaires suisses appellent eux aussi à un rapprochement avec Taïwan. Mais le Conseil fédéral a estimé à plusieurs reprises qu’une telle action serait peu utile, voire contre-productive. Pour lui, il n’est pas question de provoquer la Chine dans un contexte de plus en plus explosif autour du détroit de Taïwan.
Comme l’exprimait l’ami Pythéas dans un précédent article, la dissolution du Parlement paraît plus que nécessaire. Ces gens ne servent à rien si ce n’est au mieux au lobbying, au pire à détruire les derniers principes qui font de la Suisse un État si particulier au sein de la communauté internationale.
Le Conseil fédéral n’est peut-être pas encore assez sous pression pour afficher son soutien aux bridés taïwanais, mais cela ne saurait durer. Ces derniers ont plus d’un tour dans leurs sacs Made in China.